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EXTRAIT

La voiture sur le parking, je l’achète. Ce parking, je l’achète. Le patron du parking, je l’achète. Je rachète le béton aussi, tout le béton, je vais racheter tout le béton, toute la zone en béton derrière le parking, je l’achète. Je rachète le béton en sac et le béton sec, toutes ces grilles Heras, j’achète. Le barbelé, les trottoirs et les lampadaires, je rachète. Je rachète les routes aussi. Toutes les petites routes et les grosses routes. Je rachète les ponts, je rachète les routes sur les ponts, je rachète les stops entre les routes et les ponts je rachète les tours à côté des routes les grattes-ciel les voiries les quartiers garnisons transports les lignes de métros, tout le réseau électrique et le réseau gaz. Je vais racheter le réseau gaz aussi. Et la côte un peu. J’achète un peu sur la côte. Le littoral. Une petite villa de 500 mètres carré -et j’achèterai aussi un sèche-serviettes de marque Brem-.
Je rachète les vides les pleins je rachète le bas je rachète le haut, les 360 degrés des bâtiments qui surplombent. Je rachète les ambiances les festives et les familiales je rachète les nonchalances les jours ouvrables les humeurs les sourires les souvenirs de vacances. Et je partirai sur des coups de tête. Changer de cadre. Prendre des grands cadres, le Grand Hôtel Tremezzo sur le lac de Côme, le Peninsula à New York, le Four Seasons de Beverly Hills. J’aurai les savons, tous les petits savons des grands hôtels. J’avalerai le matin les petits croissants salés si chauds qui attendront en étoile dans mon gros matelas haut de gamme, je tremperai mon doigt dans de la pâte de truffe blanche d’Alba qui traîne dans le frigo un lendemain de veille et je laisserai la rancoeur dégueuler du sable sous les palmiers avec le 10/10 des femmes. Je ferai toutes les capitales, sans marcher sur les trottoirs. Et je ferai un petit bisou sur le front du soleil car j’aurai claqué pour sa vue tous les soirs. Et des montres. J’achète des montres. Juste pour décorer. Juste l’année bissextile qui sort du squelette apparent. Et les voitures, c’est pareil. Je rachète tout ce qui roule et tout ce qui plane je rachète ce qui vole je rachète les avions je rachète tout ce qui avance -quelle chance- la tête dans le costard, manger thaï dans mon Gulfstream G650 tout équipé, escorté par 10 rafales pour racheter ce temps piétiné à surveiller les autres. Et puis je vais un peu m’implanter dans les secteurs. Pleins de secteurs: secondaires tertiaires quaternaires agroalimentaires élevages management développement durable marketing liaisons froides flux tendus logistiques hygiène géologique calcaire. Même sur les chiottes, dans le cosmos, ou devant la glace, je rachète le siècle pour le regarder couler dans l’évier plein de mousse Gilette, car

 


maintenant mon rasage sera net.

Je ferai de la valeur par moi-même en liant les devises aux secondes. J’achèterai tout ce qui me tuera le temps la tête au chaud. J’achèterai l’univers de l’espace requis. Des paradis des 10 devises aux paradis des catalogues. Je n’attendrai plus la nuit pour me lever, juste la journée pour lui plaire. Fini les zones de l’enfer pour des paradis qu’on rempote.

 


Et puis s’il y a des anges,

ils garderont leur place,

 

 


et puis ils me feront un rapport.

 

 


Car je serai le nouveau patron de la boîte.

 

 


Dieu

 

 

 


En somme.


Je rachète tout ça
Et tout ça:


dans        un       sourire.
Un sourire de vacancier éternel.


Parce que
oui
12 18 20 22 36 04
j’ai les numéros.

Au verso

de la veine

Forme longue théâtrale.

Au verso de la veine, c’est l’histoire d’un accident de moto sur Kogelstraat.

C’est aussi l’histoire d’un billet de Loto gagnant.

Quatre témoignages s’enchainent. Ils posent la question de l’accident qui à travers la chance ou la malchance, est regretté ou se collectionne.  

Au verso de la veine I.png
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